Dimanche, j’ai inauguré la saison des granite avec mon cousin. La granita, la vraie, n’a rien à voir avec de la glace pilée. J’aurai sans doute l’occasion de revenir sur ce point.
On a remonté à pied le Viale Europa jusqu’à la hauteur du giratoire temporaire (temporaire depuis quatre ans). Tout près, il y a un demi-siècle, le vendeur de granite le plus fameux de la zone a installé sa fourgonnette. Il est ouvert d’avril à octobre. Ici, on vous sert la granita dans un gobelet en plastique. Pour un euro. Aux terrasses des cafés, plus à l’ouest, on atteint facilement dix euros. La granita n’y est pas meilleure, mais on y est à l’aise. Il y a du personnel. Le service est impeccable. Et les tenanciers paient leurs impôts (en partie du moins). D’après mon cousin, le type de la fourgonnette doit se faire dans les trois cent mille euros chaque année. Il n’a l’air de rien comme ça…
J’achète le journal. Page six, l’accident d’hier, plus haut sur le boulevard, est reporté. Deux déménageurs n’ont pas envie d’emprunter les escaliers. Ils grimpent sur la plate-forme du monte-charge. À dix mètres du sol, la plate-forme s’incline, puis lâche. L’un des déménageurs s’agrippe à une balustrade. L’autre tombe et meurt sur le coup. C’est ce qu’on a dit à la télé hier soir. On n’en savait pas plus.
Je m’apprête à lire l’article. Mon cousin me dit que ce n’est pas nécessaire. «C’est sûrement un type qui n’est plus tout jeune et qui n’est pas du métier. Il fait ça pour les fins de mois. Il n’est pas déclaré. Si ça se trouve, il est mort pour cinquante euros.»
Je lis l’article: 54 ans, marié, trois enfants. Il travaillait «alla giornata: una paga non superiore ai 50 euro».
Mon cousin rit jaune. «Ça a toujours été comme ça et ça ne changera jamais.»
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire