Donc le temps est venu de les rassembler, tous les autres,
Tous ceux que j'ai perdus dans les coins obscurs de ma vie
Ou qui d'eux-mêmes détachant leur ombre de mon ombre
Attendent là butés sans comprendre ce qu'ils attendent
Contre un mur au fond d'une chambre où nul ne les saura.
Me voici devenu plus trouble qu'eux, bien trop étroit
Pour me diviser de nouveau; si faible,
Que remonter le flot qui s'étale, je ne peux pas.
Il faut pourtant les retrouver l'un après l'autre
Et les convaincre avec des mots précipités presque inaudibles
De me suivre: en bas au tournant je leur dirai pourquoi.
Mais le plus proche se détourne et ne veut pas m'entendre;
Il a peut-être peur de moi, peut-être tous les autres,
Sauf le plus lointain qui sourit, qui ne me connaît pas,
Et ses yeux d'espérance et d'oubli déjà m'effacent.
Signes non pour être complet, non pour conjuguer / mais pour être fidèle à son ‘transitoire’ / Signes pour retrouver le don des langues / la sienne au moins, que, sinon soi, qui la parlera ? H.M.
05 avril 2008
Donc le temps est venu...
Jacques Réda, La tourne, 1975.
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3 commentaires:
ce pluriel qu'on rassemble, on pense qu'il désigne des êtres, mais on refuse d'imaginer des gens, plutôt des bêtes, et parmi elles, plutôt des bêtes lentes
car s'il ne s'agissait que de textes, ou de souvenirs, ou de forces, ou de toutes ces choses qu'on rassemble sans trop de peine, en élevant un peu la voix, alors on se tiendrait en marge, éludant le problème, la difficulté, fuyant le danger, et surtout on ne serait pas touché comme on l'est
mais quel animal, rassemblé en troupeau, nous émeut à ce point, et pourquoi?
Hello. And Bye.
besoin de verifier:)
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