Toutes les fenêtres du Centre donnent sur un square. Il y a une place de jeux, à l'ombre de très grands arbres. Comme le petit studio se trouve au troisième étage, je suis au niveau des branches supérieures, incessamment bercées dans l'air, sur le ciel.
La place de jeux se compose, pour l'essentiel, d'un simili-château fort gris et bleu, d'un bac à sable aux bords sinueux, et parsemée d'animaux verts ou rouges, sur ressorts. En journée, elle est peuplée d'enfants en bas âge, de mamans, de papas ou de baby-sitters. À midi, les gens qui travaillent dans le coin viennent y manger un sandwich. Le soir, le jardin est fermé.
La nuit, des SDF parviennent à s'y introduire. Les premiers arrivés s'installent, comme ils peuvent, dans les deux tours du château fort, dont la circonférence est extrêmement réduite. Les suivants se couchent les uns le long des autres, sur des cartons, et s'emmitouflent dans leur sac de couchage bleu royal.
Au matin, ils sont réveillés par les employés municipaux.
L'un des employés balaie les abords du bac à sable. Il fait de petits tas avant de leur donner un coup, afin de renvoyer le sable dans son bac. Ensuite, il égalise la surface au râteau.
Même quand je ne regarde pas au dehors, j'entends le balayage. Je reconnais aussi, ponctuellement, le coup plus appuyé, qui doit effacer, aujourd'hui, les traces de la dispersion d'hier.
Signes non pour être complet, non pour conjuguer / mais pour être fidèle à son ‘transitoire’ / Signes pour retrouver le don des langues / la sienne au moins, que, sinon soi, qui la parlera ? H.M.
12 mars 2010
Paris carnet de la patience 2
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