J'ai entendu, quelque part, que le bonheur d'être français tient, ou devrait tenir, au fait d'appartenir à une nation littéraire. Je me souviens d'avoir été sidéré, littéralement, par les noms de rue, la première fois que j'ai mis les pieds à Paris. Jamais je n'avais éprouvé à ce point le sentiment de la reconnaissance. Je reconnaissais ce que je n'avais jamais vu. C'est que les noms, un nombre incalculable de noms, resplendissaient sur les plaques, s'illuminaient dès que je levais les yeux, éclatants comme la soudaineté du souvenir. Je les avais déjà lus. Et je flottais au gré de ces souvenirs qui n'en étaient pas.
Au gymnase (au lycée), j'avais fait mon "tableau parisien", c'est-à-dire un poème où ma "passante" traversait le "boulevard des Batignolles". Étonné de réaliser, aujourd'hui, que le boulevard des Batignolles est relativement excentré. Mais cela me convient très bien. Comme l'écrit Réda: "Il n'y a pas de désaccord."
Signes non pour être complet, non pour conjuguer / mais pour être fidèle à son ‘transitoire’ / Signes pour retrouver le don des langues / la sienne au moins, que, sinon soi, qui la parlera ? H.M.
23 mars 2010
Paris carnet de la patience 3
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