Me souvenir que j’ai lu Le Livre noir en écoutant In Rainbows, de Radiohead (les deux font désormais la paire), que je vivais avenue du Chablais, que S., un soir, lisait ou travaillait à mes côtés, sur le divan à deux places que nous avions acheté ensemble chez Ikea.
La lumière tombait de la lampe qu’elle m’avait offert, laquelle pendait du plafond par deux cordons, vers deux ampoules aux abat-jour tronconiques, reliées par un axe de couleur laiton. La musique se mêlait avec les parcours, les souterrains, les choses et les ombres du roman, et donnait, en somme, son accord, ou bénissait le sentiment de fraternité que j’éprouvais pour la voix, la voix qui racontait les doutes, la peur, et qui s’enfouissait dans ses propres échos sourds.
Je lis le discours que Pamuk a prononcé à la réception de son Nobel et je remarque avec satisfaction que se confirme la sensation confuse, diffuse que j’avais éprouvée à la lecture de son roman: celle d’y voir se déployer, pour devenir précisément tout un roman, l’angoisse de n’être pas au centre, l’angoisse de n’être pas authentique, l’angoisse de singer sa vie, de tout singer en croyant vivre le plus sincèrement du monde.
Signes non pour être complet, non pour conjuguer / mais pour être fidèle à son ‘transitoire’ / Signes pour retrouver le don des langues / la sienne au moins, que, sinon soi, qui la parlera ? H.M.
16 novembre 2010
Paris carnet de la patience 19
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1 commentaire:
la vie que je singe est réelle pour ceux qui me voient -
mystère de cette figure, s'il faut la nommer, que d'autres peuvent l'aimer sans l'ombre d'un doute-
davantage, je ne sais pas
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