Dernier jour. Dernier feuillet du carnet de la patience.
(J’ai fini ma thèse.)
J’entre dans la chambre, m’approche de la fenêtre.
Le vent souffle dans les arbres du square Villemain.
Déjà, je ne sais plus si l’on écrit Villemin ou Villemain. Dans Libération, on revient sur les lieux, on s’enquiert des Afghans; de ceux qui n’ont plus où passer la nuit; qui n’ont plus où s’organiser; où se tenir.
Je vois une machine soulever le ciment du parc de jeux par blocs entiers, mais comme s’il s’agissait de feuilles de papier.
Il y avait les Afghans. On les a chassés.
Il y avait les enfants. Le jardin est en travaux.
Plus de château. Plus de tours. Plus de cheval-balançoire. Plus de bac à sable.
Difficile de résister à la tentation du signe: une page se tourne.
Hier soir, avec S., on est allé au concert. Écouter Mirabassi, de nouveau. Je voulais lui montrer.
Trois sets. Ils ont fini à une heure et demi du matin. C’était génial.
Parker était extraordinaire. Il ne faisait pas de solos avec ses viscères, mais de tout son corps frappant, frappant, sautant et le visage tiré, gonflé. Cette pêche, ces coups, à un moment, j’ai pensé: "C’est la vie, le coup qui fait avancer…" J’ai pensé aussi, très vite: il va y avoir des coups, de grands coups dans la douleur et dans la vie.
Je vais rentrer.
Je vais quitter la chambre du couvent – la cellule.
J’aimerais faire de la littérature. Écrire comme Jacques Réda. Comme Jean Rolin. Comme Ohran Pamuk ou Leonardo Sciascia. Comme Henri Michaux ou Marie Ndiaye.
Patience.
La littérature n’est pas une terre promise, une terre lointaine.
Demain, mon frère sera là. On va mettre les livres dans les valises.
Signes non pour être complet, non pour conjuguer / mais pour être fidèle à son ‘transitoire’ / Signes pour retrouver le don des langues / la sienne au moins, que, sinon soi, qui la parlera ? H.M.
17 octobre 2011
Paris carnet de la patience 39
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire